Conférence de Jacqueline de Romilly au Ministère de la Santé, le 16 octobre 2001.
Le problème des rapports de la médecine et de la politique ne se pose pas du tout dans l'Antiquité de la même façon que de nos jours. De nos jours, l'état veille sur l'ensemble de la médecine, qui dépend de décisions politiques pour une large part. Aujourd'hui les médecins obéissent aux règles de la cité, discutent avec elle, vivent de ses crédits, et tous les problèmes qui nous occupent aujourd'hui consistent à définir, dans les rapports de ces deux groupes de personnes, la part des uns, la part des autres, de façon à établir le meilleur équilibre possible. Il y a la formation aussi. Dans l'Antiquité, les choses sont fort différentes. Pourtant, je dois déjà vous faire remarquer que les villes antiques, dans certains cas, engageaient des médecins, qu'il s'agisse du chef de l'état, ou d'un vote démocratique, et fixaient des honoraires pour ce médecin qui était payé par l'état. On verra tout à l'heure le médecin Démocédès, dont Hérodote nous raconte qu'il a été engagé pour un an par telle ville pour tel prix, et par telle autre pour tel prix. Il y avait donc déjà une certaine dépendance de la médecine, ou plutôt des médecins par rapport à l'état ; mais il s'agit de questions individuelles et pas du tout régulières et ne correspondant pas à la situation actuelle.
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