L'AG de SEL a eu lieu le 24 mars 2018. Vous pourrez lire ci-dessous le mot de la présidente, Monique Trédé. Le discours de Cécile Ladjali ("Lire les Classiques à l'École, un mal nécessaire") et le texte des professeurs invités, Pascale Galinier et Dimitri Schlesinger ("Aborder les mythes grecs à l'école primaire") sont également en ligne dans la rubrique Discutons.
Chers amis,
Nous nous réunissons aujourd’hui dans une atmosphère qui semble bien meilleure que les années précédentes. Souhaitons que ce ne soit pas une simple éclaircie mais un vrai changement de climat. Nous avons un nouveau ministre – ce qui nous réjouit, comme plus de 70% des Français apparemment, et nous pouvons, semble-t-il, croire au sérieux des intentions de M. Blanquer. Pascal Charvet qui nous fait l’honneur et l’amitié d’être parmi nous aujourd’hui pourra vous dire quelques mots des négociations en cours.
Avant même l’installation du Ministère en juin 2017, SEL et les associations partenaires étaient reçues à l’Élysée par M. Thierry Coulhon. En octobre nous avons rencontré M. Pierre Mathiot et l’équipe chargée de la réforme du baccalauréat. Et dernièrement nous avons été reçus par la nouvelle directrice du Conseil supérieur des programmes, Mme Souad AYADA, Inspecteur général de philosophie, et par son Secrétaire général, M. David Bauduin, que nul ne peut suspecter d’être hostile aux langues anciennes puisqu’il a travaillé avec Pascal Charvet à l’élaboration du rapport sur les Humanités.
Le problème est que tous ces échanges de « bonnes paroles » tardent à manifester leurs effets sur le terrain et les professeurs sont las d’attendre. L’autonomie des établissements à laquelle nul n’osera désormais toucher, n’est pas encore compensée par des directives (arrêtés, décrets) efficaces au plan national. Il faut aussi reconnaître que la grille des programmes de lycée publiée par le Ministère peut aussi susciter quelques critiques : l’intitulé « Humanités, littérature et philosophie » laisse perplexe. C’est pourquoi de nouvelles demandes de rendez-vous ont été adressées à l’Élysée et au Ministère. S’il n’est pas encore temps de pavoiser on ne peut nier qu’il y ait des avancées et que le climat dans lequel nous évoluons soit plus favorable.
— Il y a d’abord eu en janvier la publication du rapport de Pascal Charvet sur l’enseignement des Humanités et le projet d’une maison virtuelle des Humanités, centre de ressources pédagogiques pour nos collègues.
— En liaison étroite avec ce projet l’École normale supérieure a pris l’initiative d’une action pédagogique « Les Humanités dans le texte » dont le premier appel à projets est lancé. Il s’agit d’élaborer soit un module vidéo, soit un dossier centré sur un texte antique (ou un groupement de textes anciens), traduit et commenté, sur lequel dialogueront des spécialistes venus d’horizons disciplinaires divers, inscrivant ainsi ces textes dans les débats de notre société, l’ENS fournissant un appui logistique à ces projets. Pour 2018 la thématique choisie est « Le politique », mais des projets « libres », étrangers à ce thème, peuvent également être proposés.
— Mentionnons aussi le questionnaire adressé aux collègues des Universités et du CNRS qui
vise à obtenir de l’Union européenne une aide à « disciplines rares ».
—Enfin des manifestations diverses qui mettent les langues anciennes en lumière se multiplient ; je pense au succès de la présentation en Sorbonne, à l’initiative de Paul Demont, du livre d’Andréa Marcolongo, La Langue géniale ; à l’éclat du festival européen de latin - grec que SEL soutient depuis sa création, avec la lecture un peu partout en France, et en particulier à Lyon, des Métamorphoses d’Ovide ( l’une de ces lectures se tenait hier soir aux éditions Les Belles Lettres , Boulevard Raspail).
— Citons aussi la publication de deux grands livres sur l’Antiquité : Urbs d’Alexandre Grandazzi, qui a été couronné par le prix Chateaubriand , et Sparte par Nicolas Richer, tous deux publiés chez Perrin. En mai 2018 les éditions de Fallois ont publié à l’usage des professeurs un éloge du latin, Vive le latin, langue inutile de Nicola Gardini.
— Les 8 et 9 juin prochains se tiendra en Sorbonne la 2 session des « États généraux de l’Antiquité » avec 4 tables-rondes au programme (repenser le politique ; le patrimoine antique ; l’humanisme à construire ; éditer et diffuser l’Antiquité).
— Enfin les 15, 16 et 17 juin Paris fêtera le centième anniversaire de la création de l’Association Guillaume Budé et de sa Collection d’édition de textes anciens lors du Congrès de l’Association.
— SEL est bien sûr associé à toutes ces initiatives tout en continuant à soutenir dans l’enthousiasme les « Journées de l’Antiquité » des jeunes élèves normaliens.
Quelques nouvelles de notre concours :
Les textes de la session 2018 nous sont parvenus. On note une légère baisse d’intérêt de la part des CPGE et plus d’autocensure : moins de textes à la syntaxe et l’orthographe flottantes et quelques jolis textes. Pour la session 2019 nous allons bénéficier, grâce à la générosité des Éditions de Fallois, de la publicité auprès de 3000 professeurs de lettres classiques. Enfin à la suite de plusieurs demandes nous tentons de mettre sur pied un concours de version grecque, en liaison avec l’association Athéna qui serait prête à offrir un voyage en Grèce aux dix meilleurs hellénistes.
En agissant ainsi, aussi bien sur le terrain auprès des jeunes élèves, qu’en liaison avec le Ministère ou l’ENS pour développer sur internet de nouvelles manières de lire et commenter les textes de l’Antiquité, nous espérons contribuer à exaucer le vœu que Jacqueline de Romilly exprimait en 1998 – il y a vingt ans !- « qu’on puisse avoir partout des enseignements littéraires et des enseignements de grec, à volonté, par internet ».
Bon courage à tous et haut les cœurs !
Monique Trédé