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Mars 2015 : pétition contre la réforme du collège

Dans le projet de réforme du collège présenté ce mercredi 11 mars par Mme la Ministre de l’Éducation Nationale, la place du latin et du grec est réduite à la portion congrue. D’après une déclaration de Mme la Directrice générale de l’enseignement scolaire, 'le latin ne sera plus une option proposée en plus des autres matières, mais l'un des nouveaux Enseignements pratiques interdisciplinaires (EPI)'.

SEL, conjointement avec d’autres associations, a déjà fait part au ministère de sa vive inquiétude face à cette annonce. En effet, le statut d’EPI ne précise ni le volume horaire consacré à la discipline, ni le contenu et le programme de celle-ci. On peut donc craindre que l’enseignement des langues anciennes ne soit réduit à une variable d’ajustement dans les emplois du temps et un fourre-tout dans les projets d’établissement, sans véritable contenu scientifique.

Ce changement de statut est d’importance, puisqu’il concernerait environ 20% des collégiens et collégiennes. En 2010, les collèges comptaient 335 000 latinistes et hellénistes d’origines diverses : l’enseignement des langues anciennes n’est plus élitiste depuis longtemps

Cette disparition conduirait évidemment à la réduction du nombre d’heures consacrées à l’enseignement des langues anciennes. Les heures d’enseignement ainsi économisées signifieraient des milliers de postes d’enseignants en moins et donc des conditions d’enseignement dégradées, dans des classes surchargées, avec des professeurs non spécialistes, voire vacataires, dont les contrats dérogent aux statuts de la Fonction Publique. Pour tous ces élèves, la disparition des options de langues anciennes signifierait qu’ils n’auraient plus accès à un enseignement de qualité dans cette matière qu’ils ont choisie.

De plus ce changement toucherait non seulement l’apprentissage du latin et du grec, mais aussi les autres disciplines. Chacun sait bien que les langues et cultures anciennes sont réellement interdisciplinaires, complémentaires avec les autres enseignements dispensés au collège : elles associent l’instruction civique, le vocabulaire, la grammaire, la mythologie, la littérature, l’histoire, la philosophie, les sciences, les arts… Elles facilitent l’apprentissage du français et des langues vivantes. Elles apportent aux élèves de toutes origines une ouverture culturelle immense. Mais la véritable interdisciplinarité exige un nombre d’heures de cours suffisant, dispensées par des enseignants qualifiés à des classes aux effectifs raisonnables. Mais elles exigent un enseignement qui ne soit pas seulement ''pratique'', et qui fasse partie intégrante du cursus scolaire. En programmant la destruction de ces enseignements, le projet de réforme du collège révèle une orientation inquiétante : celle d’un enseignement public dégradé, dépourvu des moyens de ses ambitions, au détriment de ceux qui en ont le plus besoin.

Nous savons que l’enseignement des langues et cultures anciennes a toute sa place dans un enseignement public de qualité, où les disciplines, loin de rivaliser entre elles, se complètent et s’enrichissent les unes les autres. Nous appelons donc à dépasser les clivages entre les collègues de différentes disciplines pour s’opposer ensemble à ce projet de réforme.

Nous relayons l'appel de l'association Mêtis et des membres du jury du CAPES de Lettres classiques.

Nous vous invitons à lire différentes tribunes parues dans la presse : l'article d'A. d'Humières, 'Réforme du collège : le coup de grâce aux langues anciennes', celui d'A.-S. Letac, 'Disparition du latin : rien n'est plus utile que les matières qu'on dit inutiles', le post de Loys Bonod, 'Collège : une réforme qui ne coûte rien', ou encore celui d'Eliane Poulvet, 'Faire du latin : un pas vers la citoyenneté'.

Nous vous invitons à signer la pétition commune proposée par la CNARELA, l'APFLA, l'APLAES, l'APLettres, SEL et Sauver Les Lettres, pour l'enseignement du latin et du grec ancien pour tous les élèves dans tous les établissements.

Texte de la pétition :

Aujourd’hui, tous les élèves, quels que soient leur lieu de scolarité, leurs difficultés ou leurs parcours, ont la possibilité d’étudier les langues et cultures antiques dans le cadre des options facultatives, qui s’adressent à tous sans discrimination aucune. Ainsi, à la rentrée 2014, selon les chiffres officiels, plus de 520 000 élèves étudiaient le latin ou le grec.

À la rentrée 2016, dans un État qui s’inquiète du niveau des élèves en langues, qui prône la réussite pour tous et la diffusion des valeurs humanistes chez le citoyen de demain, le latin et le grec ancien ne seront plus des options proposées aux élèves car elles ne seront même plus des disciplines. Elles deviennent des Enseignements Pratiques Interdisciplinaires (EPI), mises en concurrence avec tous les autres projets de l’établissement, qui aura la charge de faire le 'choix' entre ceux-ci, selon les moyens qui lui auront été accordés.

Concrètement, cela signifie la disparition de l’enseignement des Langues et Cultures de l’Antiquité là où elles sont présentes aujourd’hui, car leur maintien ne tiendra qu’au bon vouloir local, après d’inévitables tensions entre ces disciplines et d’autres nouveaux projets.

Nous refusons que le latin et le grec ancien deviennent un vague complément culturel. Nous refusons que le latin et le grec ancien deviennent une niche éducative pour une élite.

Nous demandons instamment que les Langues et Cultures de l’Antiquité, champ d’études hautement formateur à la citoyenneté, continuent d’être proposées à tous les collégiens sous la forme d’un enseignement annuel assuré par des professeurs spécialistes du latin et du grec ancien, rompus par leur formation à croiser les approches disciplinaires.

Cette pétition a obtenu le soutien de l'Association des Professeurs d'Histoire et de Géographie.