Cette demande d'audience a rapidement été refusée.
Monsieur le Président de la République,
Madame la Ministre de l’Éducation nationale, de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche a déclaré à de nombreuses reprises, auprès de la représentation nationale et de nombreux médias, qu'avec la réforme de 2016 le grec ancien et le latin seraient toujours enseignés dans les collèges, avec le même nombre d’heures qu'auparavant. Les assurances que nous avons obtenues en audiences au cours desquelles DGESCO et Cabinet nous ont répété que les langues anciennes bénéficiaient de garanties, en particulier avec la circulaire parue au BO du 2 juillet, ont volé en éclats dès les premières déclarations du Secrétaire général du principal syndicat des personnels de direction, le SNPDEN, arguant de l'autonomie pour conseiller à ses adhérents de limiter arbitrairement l'enseignement des langues anciennes au seul niveau de 5e dans le cadre d’un EPI, alors que le caractère dérogatoire, comme pour les langues régionales, avait été maintenu.
Ce que nous dénonçons depuis les premières annonces de la Ministre, une casse organisée des enseignements de latin et de grec ancien au collège, semble sur le point d’être mis en œuvre. Avant même l'application de la réforme, la fragilité de la structure prévue (le latin et le grec ne sont plus enseignés en tant que disciplines, mais éclatés entre des enseignements interdisciplinaires EPI et de complément EC laissés à la discrétion des établissements) montre qu'aucune garantie officielle ne peut s'imposer aux chefs d'établissement.
Les politiques éducatives des dernières années n’ont jamais réellement soutenu les langues anciennes (aucun moyen n'a été affecté spécifiquement à ces disciplines dans les établissements malgré nos demandes insistantes pour que tous les élèves qui le veulent puissent suivre les enseignements de langues anciennes : les horaires sont toujours pris sur les marges des dotations de fonctionnement), en dépit des annonces officielles : réforme du lycée avec un enseignement d’exploration Langues et cultures de l’Antiquité (LCA) - que des recteurs ferment actuellement ; 'refondation' de ces matières mise en place en 2012 après la parution du rapport des Inspecteurs généraux de Lettres.
Nous essayons constamment de montrer au ministère que nos matières sont menacées de disparition, car nous connaissons le terrain et nous savons quelles difficultés remontent à l’heure actuelle et quelles autres s’annoncent déjà dans les prochaines semaines. Mais le ministère reste sourd et refuse de voir la réalité à laquelle sont confrontés nos collègues et surtout les élèves.
Agissant toujours pour la promotion des langues anciennes pour tous, et par conséquent du français, nous nous heurtons aujourd’hui à un mur. Laisser faire, c’est abandonner des milliers d’élèves, et renoncer à l'existence d'une formation humaniste.
Nous vous adressons ainsi un appel solennel et sollicitons une audience auprès de vos services afin d'élaborer avec eux un projet qui prenne vraiment en compte la formation du collégien, pour trouver une issue favorable à tous les élèves.
Nous vous prions d’agréer, Monsieur le Président de la République, l’expression de notre très haute considération.
APFLA-CPL (Association des Professeurs de Français et Langues Anciennes en Classes Préparatoires Littéraires) - APLAES (Association des Professeurs de Langues Anciennes de l’Enseignement Supérieur) - APLettres (Association des Professeurs de Lettres) - CNARELA (Coordination Nationale des Associations Régionales des Enseignants de Langues Anciennes) - SEL (Sauvegarde des Enseignements Littéraires) - SLL (Sauver Les Lettres)