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<div id='slidertitre'><h1 title='Actualité : Clôture du concours de nouvelles 2024'>Actualité : Clôture du concours de nouvelles 2024</h1></div><div id='slidertexte'>Date : 2024-03-18<p>Le jury lira vos nouvelles dans les semaines à venir. Le palmarès sera publié ici et les lauréats recevront un message. <br/>La remise des prix aura lieu vendredi 7 juin. </p></div><a href='actualite?id=154' id='lirelasuite'>Lire la suite</a><div id='slidertitre'><h1 title='Actualité : Parution'>Actualité : Parution</h1></div><div id='slidertexte'>Date : 2023-12-19<p>Nous signalons à nos membres la parution d'un ouvrage qui pourrait les intéresser : l'édition critique de <em>La Vie immobile</em> de Costis Palamas (<em>Patries, Les Sonnets, Le Retour</em>), avec des notes, des commentaires et une présentation générale de l’auteur et de son œuvre, 10 janvier prochain, aux éditions Classiques Garnier. <br/>Il y est question de l’Antiquité, bien sûr (Homère, Alcée, Euripide, l’Acropole…), mais aussi de la France et de la Grèce moderne, en particulier de la longue guerre d’indépendance contre l’Empire ottoman : la famille de Palamas était originaire de Missolonghi.<br/><img src=&quot;images/images/70.jpg&quot; class=&quot;moitie&quot;/></p></div><a href='actualite?id=153' id='lirelasuite'>Lire la suite</a><div id='slidertitre'><h1 title='Actualité : ARTE '>Actualité : ARTE </h1></div><div id='slidertexte'>Date : 2023-11-14<p>Nous signalons à nos membres qu’il est possible de regarder en replay sur Arte l'émission consacrée à <a href=&quot;https://www.arte.tv/fr/videos/111660-000-A/artemis-le-temple-perdu/&quot;><strong>Artémis, le temple perdu</strong></a>, où les découvertes de Denis Knoepfler (épigraphiste et spécialiste de la Grèce antique, membre de l'AIBL) en Eubée et leurs conséquences sont remarquablement présentées. </p></div><a href='actualite?id=152' id='lirelasuite'>Lire la suite</a>

Actualités

2020/01/18 - Odysseum

Le site Odysseum, La Maison numérique des Humanités, s'enrichit régulièrement depuis sa mise en ligne.
Il s'agit d'un espace d'information et de formation, pour les élèves, les étudiants, les enseignants. Le site agrège de très nombreuses ressources et se révèlera très utile.
Cet espace, préconisé dans le rapportLes Humanités au cœur de l'école, rédigé en 2018 par Pascal Charvet et David Bauduin, sera sans doute l'une des clés de la revalorisation des langues et cultures de l'Antiquité à l'école et en dehors.

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2019/11/29 - Quelques parutions

Nous vous signalons la parution (31/10/2019) d'une bien jolie anthologie, L'art du pastiche, publiée chez Omnibus. Le livre permet de parcourir une foule de grands textes de la littérature française, de Rutebeuf à Anouilh par le biais des pastiches. L’introduction de D. Goust est une petite merveille ; chaque texte est précédé d’une notice toujours précise et bien informée, et souvent subtilement ironique. C’est délicieux à lire et c’est une belle contribution à la ''sauvegarde des enseignements littéraires''.

Autre bonheur de lecture, trois ouvrages de Nicola Gardini, qui enseigne la littérature comparée à l’Université d'Oxford : Vive le latin. Histoire et beauté d’une langue inutile (2018), Avec Ovide. Le bonheur de lire un classique (2019) et Les 10 mots latins qui racontent notre monde (2019). Les trois ouvrages sont publiés aux éditions de Fallois, et la traduction des deux premiers est justement due à D. Goust (en collaboration avec I. Gabbani).

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2019/10/28 - Le concours de nouvelles : vous laisserez-vous guider par Lucien ?

Retrouvez le Concours de la nouvelle Jacqueline de Romilly pour sa sixième édition ! Le concours comporte deux catégories : il est ouvert aux lycéens et aux étudiants de licence et de CPGE. Les meilleures nouvelles seront récompensées par des voyages ou par un prix de 1000 €. L'Antiquité vous inspire, même ironiquement ? Alors n'hésitez plus ! Vous pouvez vous inscrire sur la page Concours et y déposer votre texte, jusqu'au 14 mars 2020.
Voici quelques extraits de Lucien qui pourraient vous servir de guide, vous donner matière à inspiration, ou tout simplement vous amuser. Bonne lecture et bonne chance !
1. Lucien, Histoires vraies, livre 2, 20
Le personnage principal rencontre Homère sur l’île des Bienheureux et en profite pour lui poser quelques questions.
Il ne s’était pas encore écoulé deux ou trois jours qu’abordant le poète Homère, qui était comme moi de loisir, je lui demandai entre autres choses de quel pays il était. « C’est encore à présent, dis-je, un point fort discuté chez nous. – Je n’ignore pas, me répondit-il, que les uns me croient de Chios, les autres de Smyrne, beaucoup aussi de Colophon. Mais en réalité je suis Babylonien et mes concitoyens m’appelaient, non pas Homère, mais Tigrane. Ensuite, envoyé en otage chez les Grecs, j’ai changé de nom. » Je lui demandai encore si les vers notés comme apocryphes étaient bien de sa main. Il me répondit qu’ils étaient tous de lui ; sur quoi je ne pus m’empêcher de réprouver l’extrême pédanterie des grammairiens Zanodote et Aristarque. Quand il eut pleinement satisfait ma curiosité sur ce point, je lui posai une autre question : « Pourquoi donc as-tu commencé par le mot colère ? – C’est que, dit-il, l’idée m’en est venue ainsi. Je ne l’ai pas fait à dessein. » Je désirais savoir en outre s’il avait composé l’Odyssée avant l’Iliade, comme beaucoup le prétendent ; il répondit que non. Quant à savoir s’il était aveugle, ainsi qu’on l’assure, je le sus tout de suite, car je le voyais bien, et je n’eus pas besoin de m’en informer. J’eus encore avec lui bien d’autres conversations ; chaque fois que je le voyais de loisir, je l’abordais et lui faisais quelque question. Il me répondit toujours volontiers, surtout après le procès qu’il gagna contre Thersite. Celui-ci lui avait intenté une accusation de diffamation, pour l’avoir ridiculisé dans son poème. Défendu par Ulysse, Homère fut absous.
2.Zeus tragédien, 1-4
Panique sur l’Olympe, Zeus semble en proie à une angoisse terrible…
Hermès. – « Ô Zeus, pourquoi cet air soucieux et ces soliloques ? Pourquoi ces allées et venues ? D’où viennent cette mine pâle et ce teint de philosophe ? Confie-toi à moi, prends-moi pour conseiller dans ta peine. Ne dédaigne pas le bavardage de ton serviteur. »
Athéna. – « Oui, Cronide, notre père, maître des rois, j’embrasse tes genoux, moi, Tritogénie, la déesse aux yeux pers. Parle, ne cache rien dans ton âme ; fais-nous connaître quel souci te ronge l’esprit et le cœur, pourquoi tu pousses de si profonds soupirs et pourquoi la pâleur a envahi tes joues. »
Zeus. – « Non, il n’est point de mal si terrible à nommer, point de souffrance, point de malheur si tragique que je ne surmonte en dix vers iambiques. »
Athéna. – « Apollon, quel prélude à ton discours ! »
Zeus. – « Ô détestable engeance de la terre ! Et toi, Prométhée, quels maux tu m’as causés ! »
Athéna. – « Qu’y a-t-il ? Tu peux le dire au chœur de tes parents. »
Zeus. – « Ô sifflement du bruyant éclair, quel effet produiras-tu ? »
Héra. – Calme ta colère, Zeus, car nous ne pouvons pas jouer la tragédie, ni réciter des vers comme ces deux dieux. Nous n’avons pas avalé tout Euripide, pour être en état de te donner la réplique. Crois-tu que nous ignorions la cause de ton chagrin ?
Zeus. – « Oui, tu l’ignores ; autrement tu pousserais de beaux cris. »
Héra. – Je connais le grand sujet de tes soucis : c’est l’amour. Et je ne pousse pas les hauts cris, car tu m’as fait si souvent de pareils outrages que j’y suis habituée. Il est vraisemblable que tu as découvert quelque Danaé, quelque Sémélé, quelque Europe et que c’est l’amour qui te tourmente. Tu songes à te transformer en taureau, en satyre, en pluie d’or, pour te couler par le toit dans le sein de ta maîtresse. Les soupirs, les larmes, la pâleur ne sont que les symptômes de l’amour.
Zeus. – Ô simple créature, qui crois que nos affaires roulent sur l’amour et sur de pareilles bagatelles !
Héra. – Eh bien, quel autre motif as-tu de te chagriner, toi, Zeus ?
Zeus. – Les affaires des dieux sont exposées aux derniers dangers et sont, comme on dit, sur le tranchant du rasoir. Il s’agit de savoir si nous devons continuer à être adorés et garder les honneurs qu’on nous rend sur terre, ou bien être entièrement négligés et compter comme zéro.
Héra. – Eh quoi ! la terre a-t-elle de nouveau enfanté des géants, ou bien les Titans ont-ils rompu leurs fers, maîtrisé leur garde et prennent-ils une seconde fois les armes contre nous ?
Zeus. – « Rassure-toi : les dieux n’ont rien à craindre des Enfers. »
Héra. – Quel autre malheur pourrait donc se produire ? Je ne vois pas pourquoi, n’ayant pas d’ennui de ce côté, tu nous montres le visage d’un Polos ou d’un Aristodémos au lieu de Zeus.
Zeus. – Hier, Héra, le stoïcien Timoclès et l’épicurien Damis, sans que je sache d’où leur est venue leur dispute, ont discuté sur la Providence, devant une assemblée nombreuse et distinguée, ce qui m’a contrarié au plus haut point. Damis soutenait qu’il n’existe absolument pas de dieux et qu’ils ne surveillent ni ne dirigent les événements. Le brave Timoclès s’évertuait au contraire à nous défendre. Bientôt après, la foule est accourue de tous côtés. Cependant la discussion ne fut pas poussée jusqu’au bout. Ils se sont séparés après être convenus de la reprendre et de l’achever, et aujourd’hui tous les esprits sont en suspens et impatients de les entendre pour savoir quel sera le vainqueur et paraîtra raisonner le plus juste. Vous voyez le danger, dans quelle impasse nous sommes acculés, risquant tout sur un seul homme. De deux choses l’une : il faut, ou bien que nous soyons mis de côté, si l’on juge que nous ne sommes que des noms, ou que nous soyons honorés comme par le passé, si Timoclès a le dessus dans la discussion.
3.Icaroménippe ou le voyage aérien, 15-16
Ménippe a eu la fabuleuse opportunité de survoler le monde. Voici son récit.
Ménippe. – À peine eus-je battu de l’aile qu’une grande lumière brilla autour de moi et tous les objets cachés jusque-là se découvrirent. En me penchant vers la terre, je voyais nettement les villes, les hommes et leurs actions, et non seulement celles qu’ils faisaient en plein air, mais encore toutes celles qu’ils pratiquaient dans leurs maisons, où ils se croyaient à l’abri des regards. Je vis Ptolémée couchant avec sa sœur ; le fils de Lysimaque dressant des embûches à son père ; celui de Séleucos, Antiochos, faisant en tapinois des signes à Stratonice, sa marâtre ; le Thessalien Alexandre tué par sa femme ; Antigone commentant un inceste avec la femme de son fils ; le fils d’Attale lui versant le poison ; d’un autre côté Arsakès tuant sa femme et l’eunuque Arbakès tirant son épée contre lui ; le Mède Statinos, le sourcil fracassé par une coupe d’or, traîné par le pied hors de la salle du festin par ses satellites. On pouvait voir les mêmes scènes en Libye, en Scythie, en Thrace, dans les palais des rois : ce n’étaient qu’adultères, meurtres, embûches, brigandages, parjures, craintes et trahisons commises par les parents les plus proches.
Tel était le divertissement que m’offrait la conduite des rois. Quant à celle des particuliers, elle était bien plus risible encore. Car eux aussi paraissaient à ma vue, et j’aperçus Hermodore, l’épicurien, qui se parjurait pour mille drachmes ; le stoïcien Agathoclès qui plaidait contre son disciple pour son salaire ; Cleinias, l’orateur, qui dérobait une coupe au temple d’Asclépios et le cynique Hérophilos qui dormait au lupanar. Que te dirai-je des autres ? Les uns cambriolaient, les autres se laissaient corrompre à prix d’argent, ou prêtaient à usure, ou réclamaient une dette. En un mot, c’était un spectacle varié dont tous les peuples étaient les acteurs.
L’ami. – Tu ne ferais pas mal de me les dépeindre, Ménippe ; car il a dû te procurer un plaisir peu commun.
Ménippe. – Te raconter tout en détail, mon doux ami, serait chose impossible ; car c’est déjà une affaire de tout voir. Mais les principales actions ressemblaient assez à celles qu’Homère dit avoir été représentées sur le bouclier, d’un côté des festins et des noces, de l’autre des tribunaux et des assemblées du peuple ; dans une autre partie, on offrait un sacrifice ; à côté, c’était une scène de deuil. Quand je regardais vers le pays des Gètes, je voyais ces peuples faire la guerre ; si je me tournais du côté des Scythes, on les voyait errer sur leurs chariots ; en détournant un peu la vue du côté opposé, j’apercevais les Égyptiens en train de labourer, tandis que le Phénicien voyageait pour trafiquer, que le Cilicien se livrait à la piraterie, que le Laconien était fouetté et que l’Athénien plaidait.
La traduction est empruntée à É. Chambry, A. Billault, É. Marquis, D. Goust, Lucien de Samosate. Œuvres complètes, Paris, Robert Laffont, 2015.

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2019/10/19 - Concours Cicero 2020

La 15e édition du Concours international Cicero, dont SEL est partenaire, aura pour thème les mythes des constellations et se déroulera le samedi 28 mars 2020. Le concours, de langue et/ou de culture, est ouvert aux lycéens et aux étudiants de niveau licence.
Le blog dédié sera bientôt mis à jour.

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2019/10/19 - Quelques parutions

Nous signalons la parution de deux ouvrages :
- tout d'abord, les Annales 2000-2019 des Agrégations externes de Lettres classiques et de Grammaire, qui paraissent le 24/10/19 aux Publications de l'Université de Saint-Etienne, réunies par J. Pinguet et C. Barnavon. SEL, aux côtés de l'ENS Ulm et de PSL, a participé au financement de ce beau volume.
Un jeu concours est actuellement organisé par l'association Arrête ton char, avec un volume des Annales à la clé.

- d'autre part, l'ouvrage de l'un de nos adhérents, M. Rival, Connaître et comprendre la langue française : de l'alphabet au texte. Peut-être aurait-il dû être intitulé 'les mots du français' pour être exact, car le cœur de l'ouvrage est consacré au vocabulaire français (origines, structure des mots - préfixe, suffixe) ; soit une étude fouillée du lexique qui fait la part belle à ce qui nous vient du grec et du latin , mais aussi d'ailleurs (p. 65 à 240). La première partie s’intéresse aux phonèmes de la langue et à leur traduction dans l’écriture (p. 8 à 60) mais ce qui relève de la grammaire (fonction des mots, structure de la phrase et système du verbe), dont traite le dernier chapitre, n’occupe qu’une quarantaine de pages à la fin du volume (5e partie, p. 244 à 286), ce qui est un peu dommage. Cela dit, l'ouvrage est bien informé et bien présenté, sans excès de jargon (malgré la présence dans ce bref dernier chapitre du 'thème' et du 'propos' pour désigner sujet et verbe) avec des exercices ludiques dont les résolutions sont données en fin de chaque chapitre. Pour plus d'informations, voir le site de l'éditeur.

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2019/06/24 - Fin d'année

En cette fin d'année scolaire, SEL remercie toutes les classes qui ont eu la gentillesse de nous envoyer des cartes postales, depuis le Pont du Gard par exemple (collège Lucie Aubrac, Villetaneuse)

... journaux de bord (voyage en Grèce du lycée La Nativité d'Aix-en-Provence),

... et autres diaporamas pour illustrer les activités menées pendant l'année avec notre soutien (exemple ci-dessous avec le collège Jacques Tati de Mertzwiller).

Nous souhaitons à tous les élèves, étudiants et professeurs de belles vacances d'été, en espérant vous retrouver avec toujours plus d'enthousiasme à la rentrée !

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2019/05/24 - Les trois meilleures nouvelles du concours de la nouvelle édition 2019

Les résultats du concours sont en ligne sur la page dédiée.
Voici le texte des trois meilleures nouvelles.
Premier prix, catégorie CPGE : Mathilde Dumas (lycée Bertran de Born, Périgueux), 'Eurydice éternelle'.
Une lettre cachetée l’attendait sur le bureau. Le sceau du prince imprimé dans la cire épaisse luisait sous les rayons du soleil d’Italie. Pourtant, depuis des semaines, Claudio avait en tête bien d’autres préoccupations que celle-ci. Ses violons dormaient dans leurs étuis de velours, évanescents sous les volutes que la poussière dessinait dans la lumière. 
Il les oubliait, évanouis dans un coin et délaissés pour une autre passion. Une passion vivante, blonde et malade. Véra taisait sa voix d’ange au fond d‘un lit immense, comme une rose pâle sur un couffin moelleux. Chaque jour, Claudio en faisait porter un bouquet à son chevet, et chaque jour il trouvait à son teint la même nuance diaphane que leurs pétales. Parfois ses yeux verts roulaient sous leurs fines paupière et elle s’éveillait, demandait à la bonne son mari et la date. On lui apportait tous les mets sucrés qui la faisaient sourire, et il venait à elle, oubliant les nuits froides et les longues heures d’angoisse,  avec le large sourire de celui qui reconnaît son bonheur perdu. Alors reprenait la douce mécanique des jours paisibles. Ensemble, ils observaient le ballet des abeilles sur les bourgeons emmiellés, la muse chantonnait à son oreille des airs nouveaux. Mais, lorsqu’il jouait lui jouait de légères danses enjouées, elle ne se levait plus pour danser. Quand le soir venait, elle faisait mine de s’endormir, embrassait son époux, demandait qu’on la laisse, et n’ouvrait plus les yeux avant plusieurs rondes des astres sur le cadran solaire. 
Ce soir-là, sa lucidité n’avait pas duré plus longtemps qu’un coucher de soleil. La chaleur du printemps n’atteignait pas ses mains, froides sous le satin de ses gants. Claudio l’avait attendue, lui avait composé un air nouveau, tandis qu’elle laissait l’ombre rouge de l’astre expirant inonder la pièce, courir sur ses cheveux, lui donner l’air de vivre. Cette fenêtre de calme exacerbait le vide qu’elle laissait dernière elle. Véra jetait son absence sur son chemin pour se donner du leste, pour s’évaporer dans ce lit fastueux, loin de lui. Il mangeait seul, échouait dans l’atelier, observait le chaos qu’il y avait semé, l’œil vaguement égaré et les cils lourds de larmes. 
La lettre rouge  gisait toujours sur le bureau. Claudio hésita: combien de temps encore pourrait-il ignorer son mécène? Il n’était pas une colonne, un ouvrage, une plume en sa demeure qui n’appartînt au prince. Il avait tout à perdre, et bientôt, il lui faudrait écrire un nouveau concerto, s’il ne voulait pas ajouter à la douleur de l’absence, la misère de la rue. 
C’est pourquoi ce soir-là, dans le silence pugnace, il décacheta le pli. Claudio lut la commande d’un œil distrait: il ne savait que trop quel thème peu utile à ses yeux le prince aurait choisi. Celui-ci, à l’instar de ses contemporains, se passionnait pour des temps auréolés de gloire, voilés par leurs mystères et brillants de savoirs: pour les siècles, tantôt obscurs, tantôt dorés de la Grèce antique. L’obsession artistique était aux mythes oubliés et aux illustres batailles.
Princes, philosophes, physiciens, tous s’aveuglaient de lumière antique, éblouis par ces temps anciens, moins oubliés que le présent lui-même. Claudio s’exaspérait. Que composer encore sur un empereur romain? Quand sa femme se mourrait, que pouvait-il chanter sur les mots d’un Ovide ou d’un Hésiode qu’elle ne lirait jamais?
ll aurait voulu noircir de notes alignées, virevoltantes, les lignes de ses portées. Des notes pour elle. Déposer sur son front des flots de doubles croches, pour encenser Véra, sa beauté éphémère. Pas pour rénover les mémoires mortes des inconnus d’antan. C’est elle qu’il voulait faire éternelle, pas d’illustres inconnus, si séduisants soient-il. L’artiste soupira doucement, révélant un agacement à peine perceptible. Il n’était pas surpris, savait gagner son pain, écrirait mécaniquement un air, comme prévu, veillant à ne laisser rien affleurer des tourments qui l’étreignaient. Il le ferait plus tard, mais pas ce soir-là: c’était un vendredi, un jour qui sentait le bougainvillier sous la fenêtre, la confiture d’orange qui mijote. C’était peut-être le dernier jour de Véra. L’homme passa une main lasse sur son visage, et de l’autre poussa la porte de l’atelier. 
Mais alors que, déjà, son esprit s’éloignait des violons, un détail le retint. Un élan de la lumière, un éclat inconnu attira son attention. Ce n’était rien: rien de plus qu’un rebond de lumière sur une dorure, décoché depuis la reliure écarlate d’un livre. Le vague souvenir de ce présent princier se perdait dans le vacarme de ses noires pensées, sombres Bienveillantes qui étendaient leurs ailes sur le reste du monde. L’homme promena ses doigts striés par les cordes sur le cuir l’ouvrage. En lettres d’or calligraphiées on y avait gravé « Ovide, Les Métamorphoses ».
Machinalement, ses mains soulevèrent la couverture, et firent défiler les pages. Le papier fin roulait dans l’air sous ses doigts, s’échappant de sa paume en un souffle ronronnant. Dehors, la nuit avait voilé Florence de noir, et soufflait sur le crêpe du deuil le vent léger d’un dernier souffle. Claudio frissonna. Seul le livre, chaud sous ses mains, l’arrimait au réel. 
Voyageur égaré, il lui fallait un amarrage. Une attache lourde pour l’empêcher de s’envoler avec Véra. Il savait bien, au fond, qu’elle voguait déjà loin, soumise à l’inéluctable flot de l’Achéron. L’image de sa douce nymphe, à peine moins transparente que l’air, ricochait dans sa mémoire sur les mots d’un auteur dont il peinait à se souvenir, longuement analysés sous l’œil attentif d’un précepteur: « J'ai cru pouvoir supporter ce deuil, j'ai essayé, je ne le nierai pas, mais l'Amour l'a emporté. Il est un dieu bien connu, là-haut, sur terre. L’est-il aussi ici?»
Alors dérivant au hasard dans la solitude de la nuit, l’ancre du passé lui parut assez fiable.
        L’homme stoppa net la valse folle des mots sous ses doigts, posa ses yeux sur la page qu’il cherchait et lut. En latin. La langue désarmante, fière forteresse renfermant des trésors infinis sous son armure de morte. Claudio lisait  les langues anciennes comme il avait composé sa première pièce: laborieusement, mais rigoureusement, et finalement avec succès. Contre son gré, certaines formules lui revenaient parfois, pareilles à des incantations,  rassurantes comme la pierre que le voyageur perdu reconnait sur son chemin.
Malgré lui, il se surpris songeant à la délicatesse presque musicale de cette langue ciselée, figée dans un passé lointain comme les jeunes femmes de Pompéi. Péniblement, il se rendit à l’évidence: grec et latin s’insinuent dans les esprits, roulent discrètement sous nos langues , même sans être toujours comprises. Nous les retenons comme on retient sa propre histoire: elles s’éparpillent dans le présent , s’y morcellent , et on les croit disparurent lorsqu’elles éclatent, tapies partout. Dehors le Clocher de la Santa Maria sonne une heure avancée de la nuit. Frêle guerrier du sens, Claudio poursuit un vers, il va le faire chanter, parcourt des yeux sa proie, épurée comme les mots des aèdes, elle oppose sa légère résistance. Il gratte la pellicule fine d’une  déclinaison, découvre un nom.  Il cligne des paupières et d’un trait de grammaire comme d’un coup de scalpel, il tranche le verbe. Il tranche le radical, isole la personne, examine le temps. Le premier vers est nu, étendu devant lui. Ovide lui murmure « Inde per inmensum croceo uelatus amictu » ; Claudio répond « S’éloignant, de là, enveloppée d’un voile couleur safran » et poursuit, méthodique « Tandis que l’appelle vainement la voix d’Orphée ». La mélopée latine rendait à la grammaire sa poussée d’Archimède, et Claudio, toute la nuit durant, se berça de latin. Face à lui, Ovide gardait jalousement une légende thébaine dans un coffre aux milles clefs dont jaillissait le sens enroulé sous les vers. Claudio était Orphée appelant son Eurydice. Les mots lui figuraient, sous les crocs du serpent, sa Véra étendue. Des paroles du poète naissaient tierces et quatrains, odes désespérées jouées largo. Il lui semblait entendre déjà la lyre d’Ophée ravir à la mort son amour presque éteint. Lorsqu’il ferma le livre, la lune se gommant sur le fond bleu du ciel amorçait sa course vers la nuit suivante. Claudio plissa les yeux. Sous la brume matinale il lui semblait distinguer un forum sur la piazza del duomo, les arcs d’une arène sous le palais Sforza, et les silhouette des passants dans la rue se fondaient dans celles de Sénèque et Virgile. Il apercevait là, Rome berçant Florentia. Au point presque d’oublier l’initial détachement qui, la veille même détournait son regard des chefs-d’œuvre antiques. Les Métamorphoses détachaient le philtre flou de souffrance apposé sur sa vie, révélaient l’éternel, la permanence humaine, et celle de Véra. 
Le glissement d’un pas léger dans son dos extirpa Claudio hors de son rêve antique. Elle était là, tout près, souriante derrière les tentures drapées de l’atelier:Véra resplendissait. « Tu travailles trop Claudio… » Faible, elle s’appuya sur lui. Le tremblement imperceptible de ses mains oscillait entre l’Olympe et les champs d’asphodèles, diaphane et divine, Eurydice et Véra.
Il enlaça ses doigts, calma leur danse de Danaïdes. Le calme revint lentement et les moires du destin se turent pour un instant. Reposée dans ses bras, l’un coulé contre l’autre, les amants lurent Ovide et chantèrent ses mots. Claudio traduisait tout, avec application, émerveillant sa femme. Elle souriait, ravie, bercée par le sens premier des mythes aux mille tiroirs. Ne voyant en Narcisse qu’un bel éphèbe puni, elle étouffait un rire face aux paroles d’Echo. L’ombre portée de quelque temple ancien s’étirait autour d’eux quand le jour avançait. Les images défilaient, il les lui contaient toutes ; elle écoutait, muette. Véra, effacée dans l’amour de Claudio, murmurait un air, tout bas. Sa vision se brouillait, enroulant les tentures de l’atelier comme les volutes des violons, elle apercevait Daphné allongée, qui rêvait d’Apollon. Véra sentait ,au loin, l’approche lente d’Hadès et l’odeur printanière des jardin de Perséphone. Le fourmillement confus se faisait lourd vacarme sous une ouate épaisse. La voix d’Orphée se faisait plus lointaine, la chaleur cotonneuse enveloppait Véra d’un voile safran. Elle chercha un instant Ocyrhoé dans l’ombre, mais ne l’y trouva pas. Au-dessus d’elle, Claudio souriait, paisible, quand enfin vint la douceur de la main d’Eurydice qui l’attira, sereine, vers les champs Elysées, le tremblement cessa. « Elle lui fit un suprême adieu, qu'il n'entendrait plus qu'à peine, puis elle retourna sur ses pas à l'endroit d'où elle venait. »
        La nuit était tombée avec Véra. Claudio l’embrassa dans l’ombre sans mêler ses larmes à son parfum fané: Véra et Eurydice étaient deux éternelles. Il allongea sa muse, ferma les yeux sur elle. À l’aurore il se réveillerait seul, irait dans l’atelier. Alors il composerait ces airs qu’elle lui avait soufflés. L’artiste incarnerait sa Véra éternelle mêlée au mythe d’Orphée dans les voix de sopranes traversant les siècles. L’encre sur sa plume était sèche depuis bien trop longtemps et il l’avait trempée dans celle, universelle de l’Antiquité. À l’aurore seulement, et pour sa défunte femme, il composerait le premier opéra au monde, qu’il signerait de leur nom: Monteverdi.
Deuxième prix, catégorie CPGE : Anna le Gall (lycée Camille Jullian, Bordeaux), 'Agnostos Theos'.
Je marchais dans Athènes lorsque, au détour d'une rue, je vis un autel fumant. Dans la pierre, le nom du dieu, en lettre d'or luisait, tandis qu'une inscription, à demi effacée, déclarait : « Ἄγνωστος Θεός ». Fronçant les yeux devant ce nom de Dieu Inconnu, je ne pus retenir une exclamation de surprise lorsqu'une Muse m'apparut dans une douce lueur. Reconnaissant la divine Calliope, je la saluais et lui demandais : «Ô Muse, raconte-moi l'histoire de ce dieu ! » Elle accepta et pinçant les cordes de sa lyre dorée, elle déclama de sa voix chantante :
«  Il y a bien longtemps, lorsque Zeus, assembleur de nuées ayant vaincu les Titans,
Distribua les différents royaumes entre les dieux et les hommes,
Les dieux, vivant dans l’Éther bienveillant,
Et les hommes sur la Terre nourricière,
Un dieu, parmi tous, fut oublié.
Il ne reçut ni domaine, ni reconnaissance.
Son nom ne pouvant être honoré, il ne fut visible aux yeux d'aucun.
Un halo blafard marquait sa présence en un lieu.
Zeus, à la voix puissante, voulut réparer son erreur,
Appelant Apollon, il lui demanda,
Lui qui darde au loin ses rayons, s'il connaissait ce dieu.
Mais Apollon, archer glorieux, ne put répondre à la question du roi des dieux,
La peau de du Dieu Inconnu n'avait jamais connu la douce caresse dorée de son astre sacré.
Zeus appela alors sa sœur, Artémis à l'arc d'or.
Mais la réponse de la Chasseresse ne fut pas différente de celle de son jumeau.
Zeus à la nuée noire demanda alors à Gaïa, la Terre Mère, qui était ce dieu.
Mais Gaïa ne put répondre à la requête du maître des Cieux.
Jamais les pieds de cet être divin n'avaient foulé la poussière des sols.
Zeus l'Olympien invita alors toutes les divinités à apporter une réponse à l'énigme.
Mais Hermès à la baguette d'or, en portant les messages des dieux,
N'avait jamais aperçu le dieu.
Athéna aux yeux pers ne le connaissait pas plus
Qu’Aphrodite anadyomède ou Arès, assailleur de rempart.
L'Ébranleur du sol était ignorant comme son frère, le sombre Hadès.
Alors le souverain des cieux entreprit de se renseigner près de Mnémosyne qui sait tout,
Mais la Mémoire elle-même n'avait nul souvenir de ce dieu.
Zeus à la voix puissante, voyant l'ignorance de tous,
Décida alors de le surnommer du nom d' Ἄγνωστος Θεός.
Depuis ce jour, les Hommes se mirent à honorer le Dieu Inconnu. »
Je ne pus m’empêcher de l'interrompre : « Pourtant, divine Calliope, ce dieu a bien un nom. Regarde comme les lettres d'or étincellent !» La Muse ne se vexa pas de mon impatience, elle fit glisser ses longs doigts fins sur son instrument divin, et reprit de sa voix agréable :
«Sache que l'histoire ne s'arrête pas là.
Car ce dieu, s'il était maintenant reconnu,
N'avait pas de nom propre, ni d'apparence.
Se sentant lésé par rapport aux autres dieux,
Ne recevant que peu de sacrifices,
N'ayant nulle fête en son honneur,
Ne pouvant participer aux affaires humaines,
Encouragé par la perfide Phtonos
Sentit poindre en lui une jalousie dévorante.
Alors qu'il tentait de l'oublier, elle ne fit que grandir,
Rongeant son foie et ses reins,
Grignotant ses poumons et son cœur,
Il ne put l'ignorer davantage !
Tout son être lui criait sa rage et son envie ;
Tout son être n'était que convoitise pure.
Son âme se révolta et il alla voir Zeus tout puissant
« Ô Zeus, dit-il, père des hommes comme des dieux,
Souverain dans les cieux comme sur la terre,
Je viens te trouver pour mettre fin à une injustice. »
L’Olympien à qui rien n'échappait,
Lui demanda tout de même la raison de sa venue.
Le Dieu Inconnu, d'une voix rendue rauque par son courroux, reprit :
« Je veux mettre fin à l'outrage qui m'est fait.
Dieu juste, comprends mon désespoir !
Je suis dieu, et par là même, égal aux autres dieux
Pourtant mes sacrifices sont moindres,
Mes autels ne fument pas comme ceux des autres,
Je n'ai pas de reconnaissance,
Pas de nom, pas d'enveloppe.
Père de nombreux enfants, Zeus aux multiples apparences,
Tu dois comprendre ma douleur.
Je ne puis avoir de descendance :
Nulle déesse, nulle nymphe et nulle mortelle ne peut m'aimer,
Je ne puis ni participer aux guerres, ni participer aux banquets olympiens.
Les Muses respectables ne peuvent chanter mes louanges. »
Zeus, ému par sa souffrance, prit à son tour la parole :
« Je comprends ton tourment.
Que souhaites-tu de moi ? »
Aussitôt, il répondit :
« Permets, ô mon roi, que par mes actes, je puisse me faire un nom. »
Le dieu tout puissant accorda son vœu à l'implorant.
Aussitôt, l'être céleste se précipita sur la Terre,
Là où les hommes subissent encore la divine punition
Quand le maître des nuages punit Prométhée et leurs ancêtres,
Leur faisant goûter le labeur et la fatigue,
Et que se réchauffant à la chaleur des flammes,
Ils se rappellent à jamais la cause de leur affliction.
Foulant le sol de la puissante Athènes, il découvrit le monde des hommes.
Athéna, fille de Zeus porte-égide, vint à sa rencontre :
« Toi, dieu oublié de tous, hormis des Athéniens qui t'ont construit cet autel de marbre,
Afin de t'honorer dès que tu fus reconnu des autres dieux,
Tu foules le sol pour trouver un nom.
Permets-moi de te venir en aide si cela t'est nécessaire. »
Il la salua avec respect, et elle disparut.
Un autre dieu apparut,
Il reconnut alors Hermès aux pieds ailés,
Celui-ci le salua avec considération,
Et lui tendant un vêtement finement travaillé, dit :
« Accepte mon présent, cette cape à l'étoffe charmante,
Plusieurs dieux se sont mis à l'ouvrage.
Athéna, tout juste partie, a elle-même tissé les fils de métal,
Ces fils, nul autre que l'illustre forgeron, Héphaïstos, les a forgés
A partir de rayons de Soleil et de Lune mêlés, offerts par les divins Jumeaux.
Bénie par Poséidon, je te l'apporte moi-même. »
Le dieu prit la cape qui lui était tendue et s'en enveloppa.
Aussitôt, sa lumière prit peu à peu forme,
Des contours se dessinèrent autour de lui.
Les dieux n'auraient été dupes de la supercherie,
Néanmoins, les hommes aux yeux corrompus,
Verraient désormais une silhouette distincte qui semblait onduler telle une onde marine.
Le dieu le remercia et Hermès disparut dans les cieux.
La déité put alors reprendre sa quête.
Il comprit, grâce à ce don divin, l'importance d'un corps,
Il se mit à la recherche de l'homme qui pourrait lui en confectionner un.
Le plus beau afin de rivaliser avec l'imberbe Apollon.
Le plus fort afin de rivaliser avec le terrible Arès.
Le plus adroit afin de rivaliser avec l'illustre Héphaïstos.
Le plus impressionnant afin d'égaler Zeus, assembleur de nuages,
Ou Poséidon, maître des océans.
La privation lui faisait oublier toute prudence,
Et ses attentes n'avaient plus de limites.
Bientôt, il se rappela l’œuvre du grand Pygmalion,
Le sculpteur qui avait su ciseler la parfaite Galatée.
Il appela alors Iris, la déesse aux pieds légers.
La déesse ne tarda pas et entreprit de connaître la raison de sa venue :
« Ô toi, dieu inconnu, que veux-tu à la messagère d'Héra, la reine des cieux aux bras blancs ? »
Le dieu ne la fit pas attendre et assouvit sa curiosité :
« Ô Iris, pardonne ce cri d'espoir,
C'est un implorant qui t'appelle, dit-il. »
La bienveillante Iris lui demanda alors l'objet de sa requête.
« Je souhaite que tu me permettes d'emprunter la même route que toi,
Grâce à tes arcs-en-ciel que tu m'amènes vélocement sur l'île de Chypre,
Dans la demeure de l'habile Pygmalion. »
A ses mots, la déesse fit apparaître une courbe colorée,
et le dieu l'emprunta sans attendre.
Frappant à la porte de l'artisan,
Celui-ci fut stupéfait de la présence de cet être
Qu'il pouvait distinguer mais non détailler.
« Ô créature étrange, pourquoi viens-tu en ma demeure ? »
« Calme ta terreur, Pygmalion le sculpteur,
Si je suis ici c'est pour te demander une faveur.
Je suis le Dieu Inconnu, sans nom et sans corps,
Si tu peux me voir, c'est grâce aux dieux qui,
Dans cette cape ont associé leur pouvoir.
Toi qui a créé la perfection,
Qui a su donner vie à la bienheureuse Galatée,
Accomplit de nouveau ce prodige
Produis un corps qui me représenterait,
Un corps qui me permettrait d'avoir un nom. »
L'artisan l'écouta et fier qu'un dieu lui demande son aide,
Accepta sans hésiter et se mit à l’œuvre.
Il prit un bloc de marbre blanc comme de l'albâtre,
Il façonna un corps qu'aucun athlète n'aurait renié,
Un visage aux traits fins apparut sous ses coups de maillet,
Narcisse lui-même aurait détourné les yeux de son reflet pour admirer ce profil.
Le dieu impatient regardait avec appréhension la silhouette prendre forme.
L'artiste ne s'arrêta pas à la nuit tombée,
Et Séléné put traverser le ciel dans son char argenté,
Pygmalion ne leva pas les yeux de son ouvrage.
Ce ne fut que lorsque Hélios s’éleva dans les cieux,
Que le mortel baissa son ciseau.
Le corps était proche de la perfection,
Et aurait été parfait si Apollon, froissé,
N'avait fait déraper le ciseau de l'artiste épuisé,
Un morceau de marbre s'était détaché,
Un morceau de marbre en trop,
Un morceau de doigt en moins,
Pygmalion, horrifié, voulu recommencer,
Mais le Dieu Inconnu refusa !
Il observa son corps parfait à l'exception de la main droite,
Ce bout d'auriculaire ne lui manquerait pas.
Il vêtit la statue de sa cape,
La pierre et sa lumière ne firent qu'un.
Aussitôt, la peau se réchauffa
Et s'assouplit doucement,
Le blanc de la pierre prit une teinte plus chaude,
Et ce Dieu Inconnu pu expérimenter la sensation d'un corps.
Qu'il était lourd !
Qu'il était maladroit !
Qu'il était parfait !
Le dieu remercia Pygmalion de son travail,
Et appela Athéna aux yeux pers.
« Ô déesse la plus sage, j'implore ton aide ! »
La fille de Métis lui demanda sa requête.
« Comment puis-je avoir un nom ? »
Athéna réfléchit et déclara :
« Héraclès a vaincu des monstres cruels,
Thésée a vaincu le Minotaure,
Persée a vaincu la Gorgone mortelle,
Ulysse a vaincu Troie,
Achille a vaincu Hector,
Jason a vaincu le dragon de Colchide,
Orphée est descendu dans les Enfers,
Qu'en déduis-tu ? »
« Seul un acte de bravoure pourra me conférer la renommée que je cherche. »
La fille de Zeus acquiesça et disparut,
Dans une gerbe de lumière.
Le Dieu Inconnu se mit en route,
Cherchant un combat auquel prendre part.
Bientôt, il trouva une guerre,
Deux rois voulaient le trône,
L'un, héritier légitime du pouvoir,
L'autre, oncle renégat, usurpateur.
Choisissant le côté du juste,
Il se battit auprès des valeureux guerriers,
Qui, dans un cri vaillant, défendaient leur maître,
L'honorable fils du roi défunt.
La bataille fit rage,
Le sang noir coulait des blessures mortelles,
Le crissement des lames qui se croisaient,
Couvrait les hurlements des féroces soldats.
Le Dieu Inconnu vit au loin,
Le terrible Arès, épée au clair,
Le regard fou, rire sardoniquement,
La sauvage Enyo retenant les chevaux enragés,
Tandis que Deimos, la Terreur, et son frère, Phobos, la Peur panique,
Se tenaient à ses côtés.
Le Dieu Inconnu combattait,
le cœur vaillant et la main ferme.
Son corps tout entier s'irisait
De cette lumière divine qui révélait sa céleste naissance!
C'est à lui que revint la tâche glorieuse
De terrasser l'oncle félon.
Alors qu'il levait son épée,
Exposant sa main droite,
Un archer fidèle au renégat,
Banda son arc, encocha une flèche.
La flèche vola, cherchant à atteindre son but.
Le trait devait toucher sa main,
Trancher ses doigts, sauver l'usurpateur,
Mais la jalousie d'Apollon le sauva,
D'une blessure si funeste.
La flèche manqua sa cible, filant droit sur sa main
Mais au niveau du doigt manquant.
La flèche ricocha et la divinité acheva sa mission meurtrière.
Les guerriers l'acclamèrent,
L'héritier vint à lui :
« Dieu inconnu, que puis-je faire pour te remercier ? »
Le dieu lui répondit :
« Mes exploits guerriers m'ont valu l'ovation de tes soldats,
Mais entends leurs voix,
Ils ne savent quel nom crier.
Tu m'honorerais, estimable roi,
Si tu me nommais ! »
L'héritier hocha la tête,
Et accepta la demande de ce dieu méritant. »
La voix de la Muse s'éteignit lentement et, de mes yeux rêveurs encore, je relus les lettres d'or qui constituaient le nom durement gagné de ce dieu: ὁ ὀνομάσθεις, celui qui a été nommé.
Premier prix, catégorie lycée : Nathan Cividin (lycée La Nativité, Aix-en-Provence), 'La Vérité de l'Antiquité'.
Qu'est-ce que l'Antiquité ? Une ère lointaine, séparée de nous par le temps ? Ce qui s'y est passé ne se reproduira pas ? Après tout, ce n'est que du passé. Iphigénie ? Ou Andromaque ? Ce ne sont que des histoires d'une époque révolue, oubliée. C'est en tout cas ce que les humains pensent, enfin les humains de cette année là, de l'an de grâce 2519.
N en faisait partie. Âgé de 15 ans, il vivait seul avec son oncle en insulae dans la périphérie d'Aix-en Provence. Jusqu'à ses oreilles comme jusqu'à d'autres, les écumes des jours latins et grecs n'étaient jamais parvenues. Identique à ses semblables, il n'en connaissait ni les origines, ni le contenu, ni même l'existence. Comme tous les matins, N partit au lycée en movere, une sorte de bus lévitant sur le sol pour avancer. C'était un Jupidies, le quatrième jour de la semaine. Chaque Juipidies les élèves de seconde, dont N, avaient cours de maths, d'informatique, de graphisme, de physique, celles-là étaient les matières obligatoires. Puis ils terminaient par un cours d'option. A partir de la classe de troisième les élèves pouvaient en choisir une. L'une d'entre elles était « Langue Universelle », une matière où la grammaire de la langue universelle était enseignée (la L.U) ; il arrivait même que certains élèvent étudient des textes datant du vingt-troisième siècle. C'est cette option que N avait choisie. Ce jour-là N disposait d'un programme très chargé sur son videre, une tablette holographique sur laquelle les cours de la journée apparaissaient sous la forme de vidéos interactives. Le réalisateur de celles de L.U n'est autre que l'oncle de N. Le midi N avait pour habitude de manger avec ses amis, ou alors avec une fille de Terminale que N appréciait beaucoup. Pour être tout à fait exact N éprouvait même un sentiment plus profond envers elle, envers A. Malheureusement, N savait pertinemment qu'il ne pourrait jamais lui révéler de quels feux il brûlait pour elle, elle avait trois ans de plus. Bien que N fût plutôt timide, il était doté d'une certaine bravoure pour avouer ses sentiments. Mais cette fois N en était conscient, c'était un amour impossible. Pourtant A semblait avoir toutes les qualités, elle était valeureuse, n'hésitant jamais à braver n'importe quel danger pour une cause qu'elle estimait juste, elle était belle, et surtout elle possédait un esprit d'une fine sagesse. Il suffisait à N de l'apercevoir pour sentir son cœur se serrer, et sa gorge se contracter. Chaque jour N percevait une douleur très profonde dans la poitrine, comme si un pic lacérait son cœur. Car il aimait tendrement A et ne pouvait rien déclarer. Une sorte de culpabilité le rongeait quotidiennement. Jusqu'à présent cette journée paraissait semblable à la plupart des autres, ou du moins elle l'était jusqu’au cours de L.U. Laissez-moi vous raconter, comment cette histoire débuta réellement. Lorsque les chronoi sonnèrent le quatrième coups de l’après-midi, le visionnage du cours de L.U commença. Pour la première fois depuis plusieurs calendes, c'était un cours de civilisation ! Sur la partie droite de l'écran apparut la tabula, la zone interactive. Sur cette tabula se trouvaient plusieurs textes, que N pouvait surligner, ainsi qu'un dictionnaire français-L.U. Je viens de me rendre compte que j'ai oublié d'expliquer ce qu'était le français, je suppose que la plupart d'entre vous ignore de quoi il s'agit. Pour simplifier avant l'apparition de la L.U (vers 2200), chaque région de l'Atlas avait sa propre langue, et dans celle de N c'était le français. Donc un dictionnaire français-L.U était positionné sur la tabula. N se demanda pourquoi ce dictionnaire était nécessaire, jusqu'ici les textes avaient toujours été écrits en L.U. L'oncle de N venait de commencer son cours, lorsqu'il parla d'un coffret qu'il était enfin parvenu à acquérir. C'était un coffret avec plusieurs livres écrits en français. C'était la première fois que N voyait un livre ! N pensait que les textes étaient presque toujours parus en hologramme ! Le professeur expliquait que ces éditions dataient de deux siècles avant la L.U et leur parution d'il y a plus de mille ans (il supposa aux alentours de 1500). Ainsi selon lui, ces textes allaient aider à comprendre l’apparition de la L.U. Le coffret de la vidéo sembla tout à coup familier à N. Où aurait-il pu l'avoir vu ? Étrangement cette boîte mystérieuse éveilla une lueur de curiosité dans l'esprit de N. Ce n'est qu'en rentrant à son insula deux heures plus tard, que N se souvint. Cette boîte revint tel un flash dans sa tête, ce coffret était le colis que son oncle avait reçu la veille au soir. Les livres lui suscitant un désir de connaissance de plus en plus inexplicable, de plus en plus fort , N décida d'entrer dans la chambre de son oncle et de chercher cette boîte étrange, mystérieuse. Durant un instant N redouta que son oncle pût lui reprocher d’ouvrir cette boîte. Puis, N se sentit ridicule « Mon oncle ne me blâmerait pas, cette boîte ne contient pas tous les malheurs et les péchés de l'humanité ». Lorsqu'il l'eut trouvée, N l'ouvrit. L'ouverture du coffret avait un son vraiment magnifique, cela grinçait certes, mais ce bruit donnait l'impression d’insuffler une nouvelle forme de vie, il était riche et puissant. Quant à la texture du coffre, elle était indescriptible, le bois chatouillait les doigts de N. Enfin, à l'instant même où N regarda à l'intérieur, il fut traversé de différents transports immenses . La simple vue de différents livres datant de cinq siècles le remplit d'allégresse. L'odeur de vieux papier froissé lui fit ressentir des sortes de regrets, ceux de n'avoir jamais connu de livres auparavant. Enfin il sentit « tout son corps et transir et brûler » lorsqu'il ouvrit le premier livre. Il était intitulé Phèdre. N remarqua une organisation étrange à l'intérieur du livre : les pages de gauche n'étaient pas dans la même langue que celle des pages de droite, semblant avoir été écrites en français. Grâce à son module d'analyse, N découvrit que la première langue était du latin, dont il n'avait alors jamais entendu parler. Presque ébloui par tant d'ancienneté, N lut le français grâce à son module de traduction. Phèdre, que ce nom sonnait doux, agréable et chaleureux. N lut les cinquante premières pages en dix minutes. Puis, grâce à un phénomène étrange, N revécut un partie de sa vie durant l'avancée de sa lecture. Il revoyait sa rencontre avec A, ce coup de foudre qu'il avait ressenti immédiatement. Il pensait bien sûr à tous ses rendez-vous avec elle. En moins de trente minutes N avait fini. Il devint chancelant tant l'histoire de cette princesse maudite l'avait marqué. Replongeant dans le coffre, N aperçut un livre écrit en L.U, il était de son oncle. Dans la seconde où N termina de le dévorer, il ne revit plus sa vie de la même manière, son sens était bouleversé. Son oncle détaillait les avancées de ses recherches sur la L.U, le français, le latin et le grec. Tant de mystères gravitaient autour de ces langues. Tout d'abord son oncle expliquait ce qu'étaient le latin et le grec. Toutes les deux étaient des langues « antiques ». Elles se nommaient « antiques » car elles dateraient d'une époque lointaine, oubliée. On ne sait même pas la situer dans le temps. Selon son oncle, le français comme beaucoup de langues du deuxième millénaire étaient dérivées de ces deux langues antiques. D'ailleurs, ce deuxième millénaire aurait longtemps été marqué par des « guerres » (conflits à échelle mondiale) ; si l'on en croit les notes de l'oncle. Ce n'est que vers les années 2100 qu'une paix mondiale s'installa, faisant suite à un violent traumatisme humain, aujourd'hui toujours inconnu. Ensuite vers 2200, ce nouvel Atlas unifié avait besoin d'une langue universelle. En effet les relations entre certains « pays » (zone délimitée et indépendante) ne pouvaient pas être en harmonie : à cause des langues uniques à chaque pays. C'est pendant cette période que la L.U apparut. Mais les conséquences de cette L.U furent terribles. Voulant surtout renouveler, la L.U perdit toutes les origines grecques et latines des langues du deuxième millénaire, et avec elles, leurs écrits, leurs cultures, et leur histoire. C'est ainsi que déjà cent ans plus tard en 2300, l’histoire disparut, personne ne se souvint de la moindre date ni de la moindre culture antique. De ce fait, le « XXIVème siècle » (comme cela s'écrivait en chiffres romains) reproduit plusieurs erreurs faites dans le passé. Le dixième gouverneur international fut un dictateur mégalomane, ayant fini assassiné. Le onzième laissait le pouvoir à son peuple ou plutôt à ceux qu'il jugeait dignes d'être « citoyens », il dut résister à une révolte des « non-citoyens ». Cependant quelques rares œuvres subsistèrent à ce changement radical, et l'oncle de N affirmait avoir consacré sa vie entière à les retrouver. Enfin l'oncle finissait par une note interpellante : plusieurs expressions de la L.U semblaient provenir du latin et du grec. Or, il était légitime de se questionner sur les raisons de cela. L'oncle suggérait un message de la part des habitants du XXIIIème siècle dans le but de faire comprendre aux générations futures qu'il ne faut pas oublier ce qui avait été accompli dans d'autres époques. N suait à grosses gouttes. Il ne savait plus qui il était ni d'où il venait. Ce jeune garçon repensa également à Phèdre, s'interrogea un long moment dessus. Il songea au réel sens de cette œuvre. Elle datait du XVIIeme siècle, selon certaines notes. Elle venait d'une époque pendant laquelle on se souvenait de son passé. Il songea également à la morale de cette histoire. Même si Phèdre avait déclaré ses sentiments accidentellement, elle avait osé le faire ! Alors pourquoi avoir choisi un fin comme celle-là ? Elle fut vaillante mais pas récompensée. Et si Phèdre n'avait jamais dû avouer ce qu'elle ressentait ? Aurait-elle réellement été moins malheureuse ? Ou aurait-elle été rongée par le remords ? Et si son aveu était plutôt une libération, un soulagement? N réfléchit encore longtemps à ce que lui devait faire. Après tout Phèdre avait été courageuse, alors pourquoi ne devrait-il pas en faire autant ? Et puis « il n'en mourra pas moins, il mourra sans regrets ».
Voila la vérité de toute cette histoire. Une vérité intemporelle. C'est la vérité de mon neveu, l'un des premiers fondateurs du Néo LCA (langues et cultures de l'antiquité). Mon neveu grâce à qui nous redécouvrîmes nos origines. Mon neveu grâce à qui notre Atlas se porte mieux. Une vérité qui nous est parvenue également grâce à mes cinquante longues années de recherche. Même si le progrès n'est jamais mauvais. Nous ne devons jamais oublier nos racines, sans lesquelles rien ne serait possible. Et puis quoi qu'il en soit, les histoires ne sont pas que des histoires, à l'instar de mon neveu elles nous touchent, chacun de nous. Par là j'ose affirmer qu'elles ont toujours été modernes.

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2019/05/17 - Quelques nouvelles des événements soutenus par SEL

Les Olympiades de latin et de grec, organisées à Sélestat, ont rencontré un franc succès : bravo à l'équipe organisatrice et à tous les participants ! Et longue vie aux Olympiades !

La finale du concours de langue française organisé par l'Association Du Bellay aura lieu le 20 mai 2019 : c'est la deuxième édition de ce beau concours destiné aux lycéens. Plus d'informations sur le site du défi.

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2019/04/02 - Assemblée générale 2019

SEL a tenu son assemblée générale samedi 30 mars 2019 ; les adhérents recevront dans les semaines à venir le compte rendu de cette réunion.
Quelques informations :
- Monique Trédé, présidente de l'association, a rappelé l'action de SEL auprès des nombreuses instances administratives et ministérielles, souvent en commun avec les autres associations de professeurs de lettres ; M. Trédé a également mis l'accent sur les raisons qui incitaient à l'optimisme. Un compte rendu des réunions au CSP sera notamment joint au compte rendu de l'AG.
- L'ensemble du bureau de SEL a insisté sur les beaux projets soutenus financièrement cette année, et a invité d'autres professeurs à déposer des demandes de soutien, pour des voyages, des concours, des activités culturelles.
- Le concours Jacqueline de Romilly de la nouvelle se porte bien, pour son cinquième anniversaire, avec 130 participations. Résultats fin mai.
- Sabine Schneider, infatigable secrétaire générale depuis des années, a passé la main mais son travail et son engagement ont été longuement et chaleureusement applaudis.
- Le conférencier invité était Jean-Michel Delacomptée, qui a relu La Bruyère pour le public, pour saluer sa distinction. Le texte de sa causerie sera joint au compte rendu de l'AG (disponible ici également).

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2019/03/21 - Les langues anciennes au lycée La Pérouse - Kerichen (Brest)

Nous avons le plaisir de mettre en lumière les activités des latinistes et des hellénistes du lycée La Pérouse-Kerichen de Brest, dont certains reviennent tout juste d'un séjour en Vénétie.
ANCHORA
Latin / Grec : Initiation à la Paléographie
Les langues anciennes au service de l’histoire des Sciences...
INITIATION À LA RECHERCHE FONDAMENTALE
Créé au lycée La Pérouse-Kerichen (Brest) en 2011, en collaboration avec le Service Historique de la Défense de Brest, le projet ANCHORA consiste à initier les latinistes et hellénistes lycéens à la recherche fondamentale en langues anciennes. Les élèves réalisent une collecte photographique de textes latins inédits écrits par des savants européens des XVème-XVIIIème siècles, conservés au SHD. En cours de langues anciennes, ils traduisent ces textes puis leur traduction est vérifiée par un universitaire. Ce projet a reçu le prix « Jacqueline de Romilly » (2ème prix national) en 2012 récompensant des actions pédagogiques valorisant les langues anciennes.
EUROPOLENI
Les élèves sont invités à retranscrire puis traduire la correspondance latine du physicien de Padoue Giovanni Poleni (1683-1761) avec ses correspondants européens tels que Bernoulli, Euler, Jurin…
LES TEXTES LATINS ET GRECS INÉDITS DE L’ACADÉMIE DE MARINE
- La Bibliotheca Curiosa Chemica, traité alchimique du suisse Jean-Jacques Manget (1702), évoquant la fabrication de la pierre philosophale ou les effets des graines de cannabis sur les poules…
- Le journal de l’astronome allemand Christoph Scheiner (1575-1650), observateur des taches solaires et inventeur d’un hélioscope dans son traité latin Rosa Ursina inédit…
- Un manuel espagnol de grec ancien destiné à des élèves hellénistes du XVIIIème siècle et proposant une conversion des ligatures grecques…
- Les traités de médecine embarqués sur les bateaux par les officiers tels que les Tabulae anatomicae de l’italien Bartholomeo Eustachi (1510-1574)...
- 10 km linéaires d’archives, 42900 ouvrages de bibliothèque à explorer… au SHD.
PROJET COLLABORATIF LOCAL
Les bibliothécaires du Service Historique de La Défense, Sarah Yvon et Françoise Nougue, permettent aux lycéens d’accéder aux ouvrages de l’Académie de Marine tout en leur présentant les informations liées à la préservation de ce patrimoine écrit inestimable.
L’UBO, en conférant une caution universitaire au projet, assure une liaison lycée-post bac dans ce projet initié par le secondaire.

UNE OUVERTURE EUROPÉENNE :
VENISE – PADOUE –VÉRONE – BASSANO DEL GRAPA

Le lycée La Pérouse-Kerichen en collaboration avec le Centre d’Étude des Correspondances et des Journaux Intimes (CECJI) de l’UBO a initié un partenariat avec l’Istituto di Fisica Galileo Galilei de Padoue, le SHD brestois, la Biblioteca Civica de Vérone et le Centro Studi Arsenale de Venise afin de permettre un échange sur les écrits des savants européens et notamment la correspondance du vénitien Giovanni Poleni. Un séjour en Italie est programmé tous les 2-3 ans. Les élèves y réalisent des mini-conférences devant les lycéens italiens du lycée Bassano del Grappa sur leurs travaux paléographiques.
CONTACTS
Lycée La Pérouse-Kerichen : Rue Prince de Joinville, Brest. Tél. : 02 98 43 82 00
Service Historique de la Défense : 4 rue Cdt Malbert, Brest
UBO Ségalen – CECJI : 20 rue Duquesne, Brest.
Contact responsable du projet : celine.le-gall@ac-rennes.fr
Céline Le Gall, professeur agrégée de lettres classiques, docteur en Littérature et culture européenne et internationale

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